Jomba outragé ! Jomba brisé ! Jomba martyrisé ! Murayi Gatabazi Stanislas et le Père Blanc Julien Dereymaeker se retournent dans leurs tombes
Ce lundi 8 novembre 2021, les affrontements à l’arme lourde et légère se poursuivent près de Jomba entre les Forces armées de la République démocratiques du Congo (FARDC) et les assaillants non encore identifiés qui ont lancé nuitamment l’attaque dans le groupement de Jomba (territoire de Rutshuru) au Nord-Kivu. Selon le chef de groupement, ces hommes armés ont traversé la frontière en provenance du Rwanda. Jomba outragé ! Jomba brisé ! Jomba martyrisé !
Mon père, Murayi Gatabazi Stanislas dit Kasayidiya (13.10.1929 - 11.09.1984) et le Père de mon père, Julien Dereymaeker (06.04.1925 - 17.04.2013), Missionnaire d’Afrique, se retournent dans leurs tombes.
Ildephonse, mon fils, me disait-il,
Y a qu'un ch'veu
Sur la tête à Mathieu!
Y en a deux, deux Testaments
L'Ancien et le Nouveau-o-o-o-o
Y a qu'un ch'veu sur la tête à Mathieu!
Y en a trois, Trois Rivières !
Deux testaments, l'ancien et le nouveau-o-o-o-o
Y a qu'un ch'veu sur la tête à Mathieu!
Y en a quatre, nyogokuruza,
Karibori (nyina wa Nganyirande)
Nyirashyanuka (nyina wa Murimanyi)
Cyiza (nyina wa Nyirakajeri) et
Nyirabineguro (nyina wa Nyirankenuye rubanda rwitaga Bineguro)
Quatre nyogokuruza,
Trois Rivières,
Deux testaments, l'ancien et le nouveau-o-o-o-o,
Y a qu'un ch'veu sur la tête à Mathieu!
Y en a cinq, Simplicité...
Y en a six, Système métrique...
Y en a sept, C'est épatant...
Y en a huit, Huître d'Ostende...
Y en a neuf, N'oeuf à la coque...
Y en a dix, Dis c'que tu veux...
Y en a onze, On s'en fout...
Y en a douze, D'où c'que tu viens?
Y en a treize, Treize amoureux....
Qui était le Père Julien Dereymaeker (06.04.1925 - 17.04.2013)?
Julien Dereymaeker naquit le 6 avril 1925 à Laken, Belgique, mais, quelques années plus tard, la famille déménagea à ‘Scheut’ (Anderlecht), où Julien fit son école primaire. Ils étaient sept frères et sœurs. Julien fit les humanités classiques au collège Saint-Pierre à Jette.Malgré la proximité de Scheut, berceau des Pères Scheutistes (CICM), Julien entra chez les Pères Blancs à Boechout en septembre 1949. Suivirent alors le noviciat à Varsenare et la théologie à Heverlee. C’est là que Julien prononça son serment le 21 juillet 1949 et fut ordonné prêtre le 8 avril 1950.
Ses professeurs le considéraient comme un candidat prometteur : énergique, passionné, enthousiaste, plein d’initiatives, un tempérament de chef. À la fois organisateur talentueux, avec un esprit clair, toujours de bonne humeur, généreux, droit et ayant son franc-parler. Mais avec un esprit assez critique aussi, pas toujours souple et coulant, parfois entêté. Avant son départ en Afrique, on l’envoya faire une régence littéraire (régime francophone) à Saint-Thomas à Bruxelles.
Le 19 septembre 1952, Julien s’envole avec Sobelair en direction de Costermansville, maintenant Bukavu. Il est nommé à Nyakariba, où il se met à l’étude de la langue, le swahili. En septembre 1953, Julien est nommé directeur de l’École d’Application Pédagogique (EAP), école normale, à Jomba. En 1957, il est nommé inspecteur des écoles pour le nord du vicariat, étant domicilié à Goma, où il se voit aussi confier l’apostolat auprès des ‘évolués’. Après son congé et la grande retraite à Rome, Julien retourne en paroisse et devient vicaire à Masisi, ce qui l’obligea à parfaire ses connaissances du kinyarwanda. Deux mois plus tard, il est nommé à Nyakariba, où il sera bientôt curé.
Après son congé en 1967, il est nommé directeur de l’Institut Busimba à Jomba, l’ancien collège. Il y restera huit ans. Ensuite, on a besoin de lui à Lushebere, où il dirige pendant deux ans le Centre de formation pastorale, où laïcs, religieuses et catéchistes parachèvent leur formation pastorale pour mieux servir les communautés locales.
En mars 1979, il retourne à Goma, chargé de l’animation pastorale de la jeunesse dans l’enseignement secondaire et curé par intérim à la paroisse Saint-Esprit. En août 1979, il devient ‘coordinateur des écoles’, une fonction nouvellement créée par les évêques lorsque le Président Mobutu, en 1976, eut rendu les écoles à l’Église. Il s’acquittera de cette tâche jusqu’en juillet 1982. Il devient alors curé à Birambizo.
Quand, en 1985, il revient de congé, une toute nouvelle responsabilité l’attend, celle de directeur du Centre Interdiocésain de Pastorale, Catéchèse et Liturgie (CIPCL) à Bukavu. Là, Julien a pu déployer tous ses talents dans les activités de formation et les publications concernant les trois domaines mentionnés. Tout cela au service de toute la Province ecclésiastique de Bukavu. Il y travaillera jusqu’en décembre 1998.
Entre-temps, Julien avait été élu conseiller de la Région. Il fut ensuite chargé de l’animation vocationnelle et demeura à Burhiba. Il était aussi devenu membre actif d’une organisation fondée en 1998 par un groupe d’avocats décidés à défendre les droits des citoyens pauvres, des paysans et des prisonniers : APRODEPED (Action pour la Promotion et la Défense des Droits des Personnes Défavorisées). Julien y dispose d’un bureau.
Mais en février 2001, il est appelé d’urgence à assurer un intérim de quelques mois à la direction de l’imprimerie Kivu Presses. Il loge à la Maison St-Paul. Fin 2001, il retourne à Burhiba comme responsable de la communauté. En octobre 2004, il s’installe à la maison régionale, Maison Charles Lwanga, à Bukavu.
Dans le courant de 2005, sa santé mentale se détériore petit à petit. On constate qu’il oublie de plus en plus. Dans sa gestion financière, par exemple, quand il s’agit de versements pour des tiers qui passent par lui, on constate des erreurs et on découvre des prêts plutôt inhabituels. Alzheimer a fait une nouvelle victime. Le Régional l’oblige à se retirer d’APRODEPED, où il sera remplacé par un Congolais qui vient de finir, en Belgique, son doctorat en droit. Le Régional estime qu’il vaut mieux retourner en Belgique et Julien lui-même en est conscient. Le 14 janvier 2006, il quitte définitivement l’Afrique.
Pendant quelques mois, il séjourne à la rue de Linthout. Ensuite, et conformément à ce qu’il avait toujours souhaité, il se retire chez ses deux sœurs, qui occupent encore la maison paternelle à Scheut. Pendant quelques années encore, Julien participera aux diverses réunions des confrères. Vint un temps où il ne sortait pratiquement plus. Quand ses deux sœurs ne purent vraiment plus s’occuper de lui, Julien s’installa à Avondrust (Varsenare), où il est décédé à peine un mois plus tard.
Un missionnaire, polyvalent et grand travailleur, qui a bien mérité de l’Église d’Afrique par ses réalisations et ses services, nous a quittés.
La liturgie d’adieu eut lieu le samedi 20 avril 2013, à Varsenare, où il repose maintenant parmi tant de confrères qui l’ont précédé. Trois jours plus tard, une eucharistie fut célébrée pour lui au Centre Bandari à Bukavu. Étaient présents de nombreux jeunes avocats et de jeunes agents engagés dans des ONG, ainsi qu’un haut gradé de la police. Ils venaient rendre un dernier hommage à un homme grandement engagé pour la justice.
Jef Vleugel
Ildephonse Murayi-Habimana dit Murayi
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