Sunday, October 23, 2005

Rwanda - Justice: Affaire Désiré Munyaneza - Jean-Paul Nyilinkwaya demande justice


Affaire Désiré Munyaneza: Jean-Paul Nyilinkwaya demande justice

Netters,

Le combat que mène Jean-Paul Nyilinkwaya est des plus noble. Celui-ci ne demande qu'une chose: que justice soit faite.

Contrairement à certains autres, Jean-Paul Nyilinkwaya, lui, ne prend pas en ligne de mire les opposants (réels ou supposés) du régime dictatorial de Paul Kagame, mais bien les suspects contre qui existent des indices sérieux de culpabilité. Son combat n'est pas politique, mais bien moral (et juridique). C'est tout à son honneur.

S'agissant de Désiré Munyaneza en particulier, on peut lire dans l'ouvrage du professeur André Guichaoua "Rwanda. Les politiques du génocide à Butare", notamment ce qui suit:

p. 117-118: (Très peu de commerçants de Butare adhérèrent au MDR). "Les deux principaux, ceux qui s'engagèrent le plus fortement sur le plan politique, furent Venant Gakwaya (hutu, MDR Power, Gikongoro, Rwamiko) et Isaac Munyagasheke. Le premier, surnommé SOCODE, ancien juge de canton à Gikongoro, préfecture qui fut un des bastions du MDR-Parmehutu au cours de la première République, était secrétaire de la Chambre de commerce de Butare [4]. Le second, ex-enseignant, fut, au cours de la première République, député MDR-Parmehutu [5]. Il put s'enrichir et s'installa ensuite comme commerçant à Butare où il assurait la distribution de la Bralirwa comme grossiste. Sans être lui-même militant politique, il soutint activement le MDR Butare tendance Power et ses deux fils Clément Munyagasheke (hutu, MDR, Gikongoro) et Désiré Munyaneza (hutu, MDR, Gikongoro) se distinguèrent comme miliciens [6].

p.267: "Parmi les principaux responsables des groupes de miliciens Interahamwe et autres opérant à Butare Ville figuraient Charles Sijyeniyo (hutu, MDR, Butare), stomatologue à l'hôpital universitaire de Butare (originaire du secteur Cyarwa-Cyimana à Ngoma, et résidant à Cyarwa-Sumo), et les deux fils du commerçant Isaac Munyagasheke, Clément Munyagasheke et Ddésiré Munyaneza. Ces derniers étaient membres du MDR et agissaient, d'après des témoins, sous les ordres de Félix Semwaga."

p.313: "C'est... le groupe constitué à Butare Ville autour des cadres politiques et des chefs miliciens de la commune qui servit de bras armé à la relance préfectorale de l'autodéfense civile. Ainsi, un témoin déclarait: "Si je me limite aux membres les plus connus, je citerai Faustin du Groupe Scolaire, Vénant, Clément, Désiré et le sous-préfet Rutayisire" [76].

[4] Après l'arrivée au pouvoir du FPR, il revint à Butare et à Kigali où il soutint être tutsi ayant changé d'ethnie et adhéré au MDR. Craignant d'être dénoncé pour ses activités pendant le génocide, il gagna alors rapidement Nairobi.

[5] Il fut député titulaire au cours de la seconde législature de 1965 à 1969, puis député suplléant au cours de la troisième de 1969 à 1973. Son frère, James Kabera (hutu, MRND, Gikongoro) connut aussi une carrière politique importante. Sous-préfet de Kibuye, de Kigali et de Gisenyi au cours de la première République, il accéda au poste de préfet de Gikongoro de 1969 à 1973. Dès le 13 juillet 1973, Juvénal Habyarimana le nomma préfet de Cyangugu. De décembre 1974 à la fin de 1985, il tint la préfecture stratégique de Gitarama.

[6] Bien avant le 6 avril, les deux miliciens s'étaient établis une solide réputation d'activistes de "bistrot", notamment Clément Munyagasheke qui n'hésitait pas à anticiper publiquement (SIC) l'ordre des femmes tutsi qu'il violerait le jour où la guerre serait déclenchée".

[76] Il s'agit de Faustin Twagirayezu (hutu, MRND, Butare), Venant Gakwaya (MDR), Clément Munyagasheke, milicien MDR (fils d'Isaac Munyagasheke), Désiré Munyaneza, milicien MDR (également fils d'Isaac Munyagasheke).

(André Guichaoua, "Rwanda. Les politiques du génocide à Butare",éditions KARTHALA, Paris, 2005)


Le vendredi 21 octobre 2005
Rwandais de Toronto accusé de crimes de guerre
Son dénonciateur demande justice

André Cédilot

La Presse

La justice. C'est tout ce que demande Jean-Paul Nyilinkwaya, l'un des dénonciateurs du Rwandais de Toronto qui a comparu à Montréal, hier, pour être accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis au Rwanda en 1994.

Impeccable dans son complet foncé, Désiré Munyaneza, 38 ans, issu d'une riche famille de Butare, la deuxième ville du Rwanda, est resté de marbre durant la dizaine de minutes qu'a duré sa comparution devant le juge André Denis, de la Cour supérieure.Représenté par Me Lawrence Cowen, un avocat de l'Ontario, Désiré Munyaneza fait face à sept chefs d'accusation : deux pour génocide, deux pour crimes contre l'humanité et trois pour crimes de guerre. Tous ces actes contre les Tutsis ont été commis entre le 1er avril et le 31 juillet 1994, précise la dénonciation.Dans le cas plus spécifique des crimes de guerre, on parle de meurtres, d'agressions sexuelles et de pillage contre des personnes qui ne participaient pas au conflit entre les Forces armées rwandaises (FAR) et le Front patriotique rwandais (FPR). Munyaneza sera de retour devant le tribunal le 3 novembre.Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, en 2000, c'est la première fois que le Canada met une personne en accusation pour des crimes contre l'humanité. Arrivé au Canada en 1994, Jean-Paul Nyilinkwaya n'a que de bons mots pour le gouvernement fédéral.

«C'est un geste de solidarité extrêmement louable. Il est important que des pays comme le Canada passent à l'action afin que justice soit faite. À lui seul, le Rwanda ne parviendra jamais à juger comme il faut tous les participants au génocide», a-t-il dit, avant de rappeler que 130000 personnes sont détenues dans son pays relativement au massacre de centaines de milliers de leurs compatriotes. «C'est sans compter tous ceux qui n'ont pas été pris, qui se cachent ou, comme Munyaneza, qui ont fui à l'étranger», a-t-il ajouté.En 1996 ou 1997 Un des leaders de l'Association Page-Rwanda, destinée à venir en aide aux parents et amis des victimes du génocide, M. Nyilinkwaya est l'un de ceux qui ont dénoncé Munyaneza à la GRC. C'était à la fin de 1996 ou au début de 1997. Un membre de la communauté rwandaise de Montréal a croisé Munyaneza dans la rue. «J'ai consulté le bottin 411 sur Internet, et j'ai trouvé son adresse et son numéro de téléphone», a raconté l'homme de 36 ans. Il s'est alors précipité à la GRC.Pendant toutes les années de l'enquête, M. Nyilinkwaya a aidé les policiers chaque fois qu'il a pu. Pas moins de 70 personnes de sa famille et de son entourage ont été tuées au Rwanda. La première journée des attaques hutues, en 1994, son père a été abattu à Kigali, cependant que sa mère et sa soeur ont été blessées. Elles gardent toutes deux des séquelles de l'attentat. Il a aussi perdu ses grands-parents, des oncles, des tantes, des cousins, des cousines et beaucoup d'amis.M. Nyilinkwaya connaît très bien l'accusé, qui a fréquenté le même collège que lui à Butare, ville située à 135 km de sa ville natale de Kigali. «Je l'ai connu en 1984. Il a deux ans de plus que moi. J'étais interne, mais lui, il retournait chez ses parents après les cours», a-t-il relaté. À ses dires, le père de l'accusé était un homme d'affaires en vue. Il faisait la distribution d'alcool et d'autres boissons. «Il était riche et surtout bien connu», se souvient M. Nyilinkwaya.Selon lui, Munyaneza était actif dans la milice, cette organisation civile qui a traqué les Tutsis en établissant des postes de contrôle partout au Rwanda. La grande majorité des victimes des miliciens ont été tuées avec des armes blanches, et plus particulièrement à l'aide de machettes. Les Hutus ayant perdu le pouvoir après le génocide, Munyaneza et sa famille ont fui le pays.D'après M. Nyilinkwaya, Désiré Munyaneza serait passé par le Kenya et le Cameroun avant de venir à Montréal. Sa femme l'aurait rejoint un peu plus tard avec sa fille. Le couple vivait à Toronto depuis à peu près quatre ans, soutient M. Nyilinkwaga. Grâce aux informations qu'il a données à la GRC, Munyaneza n'a pu obtenir l'asile politique au Canada. Il a été débouté deux fois en appel, a précisé M. Nyilinkwaya.Pour des raisons de sécurité, Mes Pascale Ledoux et Richard Roy, du ministère fédéral de la Justice, ont exceptionnellement demandé, hier, en Cour supérieure, que Munyaneza et son avocat s'engagent à garder le secret absolu sur tout élément de preuve qui leur sera soumis. À moins d'une autorisation du tribunal, l'interdiction s'appliquerait autant sur les noms des témoins que des victimes, ainsi que les dépositions écrites ou verbales.Quant aux journalistes, on voudrait qu'ils ne puissent divulguer les noms des témoins. D'après les requêtes, l'expérience judiciaire du Rwanda exige la plus grande prudence, d'autant que la situation politique est fort instable dans le pays. Malgré toutes les mesures qui sont prises là, plusieurs témoins ont subi des représailles. Certains ont été tués avant même d'avoir déposé devant le tribunal.Or, affirment les procureurs fédéraux, la quasi-totalité des témoins qui seront entendus au procès, qui doit se tenir à Montréal, viennent du Rwanda. Certains y sont même détenus. Les deux requêtes seront éventuellement entendues en Cour supérieure.

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Abatabizi bicwa no kutabimenya.
Nikozitambirwa.
******************************************************************"L'homme, à mon avis, se perfectionne par la confiance. Par la confiance seulement. Jamais le contraire." (Mustafaj)******************************************************************
Nikozitambirwa 23-10-2005


----- Original Message -----
From: Jean-Paul Nyilinkwaya
To: rwanda-l
Sent: Wednesday, October 19, 2005 9:44 PM
Subject: [rwanda-l] Fwd: CBC News - TORONTO MAN CHARGED WITH RWANDAN WAR CRIMES
Hot off the press.

J.P.N.Note: forwarded message attached.
Jean-Paul NyilinkwayaMontreal.http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=jpnyilinkwaya@yahoo.com
----- Original Message -----
From: "CBC News Online" <http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=nwonline@toronto.cbc.ca>
To: <http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=jpnyilinkwaya@yahoo.com>
Sent: Wednesday, October 19, 2005 9:42 PM
Subject: CBC News - TORONTO MAN CHARGED WITH RWANDAN WAR CRIMES
This email has been sent to you by Jean-Paul
The following is a news item posted on CBC NEWS ONLINE
at http://www.cbc.ca/news
____________________________________________________
TORONTO MAN CHARGED WITH RWANDAN WAR CRIMES
WebPosted Wed Oct 19 13:54:51 2005
---A Rwandan man living in Toronto has been charged with war crimes and
crimes against humanity, making him the first person to be charged
under
five-year-old Canadian legislation.
The RCMP said it arrested a 39-year-old man in Toronto on Wednesday in
connection with events in Butare, Rwanda, in 1994.
An estimated 800,000 Tutsis and moderate Hutus were slaughtered by Hutu
extremists in the central African country that year, in one of the
century's worst massacres.
Désiré Munyaneza faces seven charges under the Crimes Against Humanity
and War Crimes Act, including:
Two counts of genocide. Two counts of crimes against humanity. Three
counts of war crimes.
Munyaneza is the first to be charged under the Canadian legislation,
which became law in 2000 and recognizes the country's obligations to
the
United Nations' International Criminal Court.
INDEPTH: War crimes
"Thanks to the dedication and perseverance of the investigators on this
case, we were able to make history today," Insp. Graham Burnside, who
leads the RCMP War Crimes Section, said in a news release announcing
the arrest.
The RCMP said the arrest followed a five-year investigation by the war
crimes unit that included interviews with many witnesses in Rwanda,
Europe and Canada.
Burnside said the arrest could never have been made without
"tremendous"
help from other organizations in Canada and abroad, including the UN
International Criminal Tribunal for Rwanda.
FROM THE CBC ARCHIVES: Witness
To Evil: Roméo Dallaire and Rwanda
The RCMP didn't immediately say what action would be taken against
Munyaneza.
Canadian authorities can take a number of different actions against
people accused of war crimes, including denying them refugee
protection,
revoking citizenship, prosecuting them or extraditing them to face
prosecution under an international tribunal.
Copyright (C) 2005 CBC. All rights reserved.

----- Original Message -----
From: "Jean-Paul Nyilinkwaya" <http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=jpnyilinkwaya@yahoo.com>
To: <http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=rwanda-l@yahoogroups.com>
Sent: Friday, October 21, 2005 12:32 AM
Subject: [rwanda-l] An article from globeandmail.com
Jean-Paul Nyilinkwaya (http://fr.f257.mail.yahoo.com/ym/Compose?To=jpnyilinkwaya@yahoo.com) thought you would be interested in the following article from globeandmail.com, Canada's leading source for online news: "Rwandan charged under Canadian war-crimes law" <http://www.theglobeandmail.com/servlet/story/RTGAM.20051020.wrwan1020/EmailBNStory/National/> Note from Jean-Paul Nyilinkwaya: Un peu plus sur le procès Désiré Munyaneza.